#PourCeuxQuiSontPressés
C'est dommage dans la suite, il est question de
C'est dommage dans la suite, il est question de
#HectorHoreau #LesTuileries
#vuedarchitecture #LouisPhilippe
#CanneEtCerceau #LazareArchitectural
#vuedarchitecture #LouisPhilippe
#CanneEtCerceau #LazareArchitectural
#JardinDeParis
Pour ceux qui n'ont pas non
plus le temps, mais qui le prennent quand même.
Devant nos yeux, une feuille de papier.
Légèrement teintée. Aquarellée. Encadrée. Accrochée aux murs de la librairie.
Une feuille de papier fragile et rare, témoignage du passage en ce bas monde
de celui que l’on surnomma au XIXe s. le Jules Verne de l’architecture.
On lui doit l’ébauche du tunnel sous la
Manche, qui aurait été sous sa gouverne « un tube de fer préfabriqué posé
sur le lit de la mer, ventilé par des puits dont les bouches (auraient été), en
surface, masquées par une décoration néo-gothique (…) recouverte de petites
pagodes »(1).
Le premier, Horeau eut l’intuition de la place qu’aurait le jardin vertical dans la ville et le mur végétalisé de Patrick Blanc au musée du Quai Branly aurait pu trouver sa paternité dans ses projets établis vers 1850 pour certaines rues de Paris.
Le premier, Horeau eut l’intuition de la place qu’aurait le jardin vertical dans la ville et le mur végétalisé de Patrick Blanc au musée du Quai Branly aurait pu trouver sa paternité dans ses projets établis vers 1850 pour certaines rues de Paris.
Le Jules Verne de l’architecture fut surtout
- je le crains - le Poulidor du projet architectural.
Il exposa « dès l'année 1825, un plan de transformation de Paris presque identique à celui que le baron Haussmann réalisa trente ans plus tard. Il en fut de même pour son projet des Halles centrales en fer, présenté en 1848 au prince Louis- Napoléon et mis à exécution dix ans après par Baltard »(2). Horeau finit également premier du concours lancé par les organisateurs de l'Exposition universelle de Londres de 1851 qui vit pourtant le Crystal palace de l’anglais Joseph Paxton triompher…
Il exposa « dès l'année 1825, un plan de transformation de Paris presque identique à celui que le baron Haussmann réalisa trente ans plus tard. Il en fut de même pour son projet des Halles centrales en fer, présenté en 1848 au prince Louis- Napoléon et mis à exécution dix ans après par Baltard »(2). Horeau finit également premier du concours lancé par les organisateurs de l'Exposition universelle de Londres de 1851 qui vit pourtant le Crystal palace de l’anglais Joseph Paxton triompher…
Chauvinisme ou effroi devant l’ampleur du
projet, ça n’a pas été clairement tranché.
Il fut aussi très tôt un fervent défenseur de l’architecture de métal et c’est un peu terrible de penser qu’à Paris, son empreinte se limite aux lettres de son nom martelées à la frise des illustres savants artistes et industriels qui orne la première plate-forme de notre dame de fer, la tour de Gustave Eiffel. Horeau semble en avoir eu l'intuition: ne granve-t-il pas son nom et sa qualité d'architecte dans la pierre d'un des parapets de son aquarelle?
Il fut aussi très tôt un fervent défenseur de l’architecture de métal et c’est un peu terrible de penser qu’à Paris, son empreinte se limite aux lettres de son nom martelées à la frise des illustres savants artistes et industriels qui orne la première plate-forme de notre dame de fer, la tour de Gustave Eiffel. Horeau semble en avoir eu l'intuition: ne granve-t-il pas son nom et sa qualité d'architecte dans la pierre d'un des parapets de son aquarelle?
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Hector Horeau arch. - 1833 |
Il n’empêche, comme l’écrivit Roger Marx en 1914, que les malheureux projets
« d'Hector Horeau, (resteront) curieux, passionnants à l'extrême par leur
prescience des recherches, des inquiétudes de maintenant ».(3)
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Croquis préparatoire |
Mais une fois encore, le Jules Verne de l'architecture fut assassiné dans l'oeuf. Par manque d’argent, Louis-Philippe ne put aller au bout de ses intentions dont la plus ambitieuse était justement la réunion des deux palais. Et c’est sous Napoléon III que la liaison se fit. Sans le Poulidor du nombre d'or.
Au moment où Horeau aquarelle sa vue des Tuileries, c’est-à-dire en 1833, depuis deux ans, Louis-Philippe y réside avec sa famille. C’est pendant ce séjour que Percier et Fontaine réaliseront le grand escalier du pavillon de l'Horloge. C’est également à cette époque que le roi fera creuser, dans le jardin des Tuileries, une tranchée qui délimitera férocement le jardin privé du jardin public. On en est pas encore là et seule une grille décorative, frêle, sépare le jardin populaire des parterres royaux.
Comme souvent, l’architecture de papier donne un supplément d’âme à l’architecture de pierre, de métal et de verre. Parfois, elle renseigne sur les intentions premières, les visées profondes, les transformations postérieures d’une réalisation.
Parfois aussi, elle ancre la construction
dans son époque. Ce n'est pas le cas dans ces pathétiques plans d’architectes destinés
aux pauvres béotiens que nous sommes. L’homme de l’art y ajoute ici un arbre,
là un groupe de personnes, plus loin une automobile. Ces ajouts sont
impersonnels, volontairement anonymes, taches de couleurs et mètre étalon de
futurs complexes immobiliers ou commerciaux que l’on veut nous faire
fréquenter.
On y trouve à vrai dire tout le contraire de
ce que nous montre l’aquarelle d’Horeau.
Hector a choisi une grande feuille pour
dessiner les Tuileries côté jardins. La façade tourne le dos au Louvre. Cette
aquarelle n’est donc pas une planche destinée à convaincre. Elle n’est pas une
démonstration du bien fondé de son projet de raccordement des deux édifices.
C'est une vue d'architecture brossée par un curieux qui observe, par un amateur qui ressent, par un homme qui se souviendra. On cristallise mieux quand on écrit, quand on dessine ce que l'on ne veut pas oublier.
C'est une vue d'architecture brossée par un curieux qui observe, par un amateur qui ressent, par un homme qui se souviendra. On cristallise mieux quand on écrit, quand on dessine ce que l'on ne veut pas oublier.
Horeau est probablement arrivé aux Tuileries
par les berges. Il a abordé le bâtiment par une diagonale qui met en valeur la
rue de Rivoli qu’on devine sur sa gauche. Elle n’est pas toute proche et pour
figurer la distance Horeau a pris le joli parti de l’aquareller d’un pinceau
plus léger. C’est sans doute le cratère rehaussé situé à mi-plan qui nous fait
prendre conscience un peu plus encore de l'éloignement.
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ciel "boudinesque" |
Il fait beau dans cette vue parisienne. Le
ciel s'est fait "boudinesque" pour l'occasion. Au balcon d'un immeuble de
la rue de Rivoli, deux silhouettes l'admirent.
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Deux ombres sorties de leur coquille |

Les femmes arborent de légers châles, les arbustes sont verts : nous devons être au printemps.
De nombreux bambins ont accompagné les grandes personnes : gageons que l’heure des leçons est achevée et que nous sommes en milieu d’après-midi.
Et il y a foule.
Voyez ces groupes de badauds éparpillés en lisière du palais. Outre la faction en manœuvre -sérieuse et au pas -, tous bavardent à qui mieux mieux.
Il y a l’homme mûr qui finit de saluer une dame de sa connaissance, des amis en aparté, deux affairés qui négocient le bout de gras, des amoureux qui se content fleurette, un père qui, désignant de la canne une fenêtre, instruit son fils qui préférerait et de loin aller faire crisser son cerceau sur le sable.
Voyez ces groupes de badauds éparpillés en lisière du palais. Outre la faction en manœuvre -sérieuse et au pas -, tous bavardent à qui mieux mieux.
Il y a l’homme mûr qui finit de saluer une dame de sa connaissance, des amis en aparté, deux affairés qui négocient le bout de gras, des amoureux qui se content fleurette, un père qui, désignant de la canne une fenêtre, instruit son fils qui préférerait et de loin aller faire crisser son cerceau sur le sable.

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le Jules Verne de l'architecture, atelier Nadar |
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Happy few royalistes |
L’histoire ne le dit pas. Et on s’en
fiche parce que c’est d’un autre balcon qu’il fallait se pencher au soir
du 23 mai 1871. Un certain « Kaweski,
logé au Louvre, dans le ci-devant ministère d’État, avait commandé chez lui un
frugal souper : des viandes froides et quelques fruits ; il espérait,
dit-il, que le général, Bergeret [le brillant ordonnateur de l’incendie du
palais] lui ferait l’honneur de partager ce modeste repas [ce qu'il fit]. Comme ses fenêtres
donnaient sur le Carrousel, on serait bien là pour voir le spectacle
« sublime » qui se préparait. On partit en bande, on se mit à table,
on mangea gaiement, on but avec entrain, et, comme on se levait de table, on
s’aperçut que les fenêtres des Tuileries se découpaient, dans la nuit tombée,
en longues rangées de rectangles flamboyants, plus éclatants cent fois qu’aux
beaux soirs de l’orgie impériale. C’était le moment favorable ; Kaweski
invita ses convives à ne pas manquer ça et il les emmena prendre le café sur la
terrasse qui unit, au premier étage du nouveau Louvre, le pavillon Turgot au
pavillon Richelieu. De là, on verrait bien ».(7)
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Les Tuileries brûlées mais debout. |
Les Tuileries n’abriteraient désormais plus jamais l’histoire en marche. Et c’est marquées par les stigmates du martyr qu’elles entrèrent, les pieds devant, dans les livres d’histoire.
(1) François Forestier, La manduction.
1981.
(2) La Chronique des arts et de la curiosité : supplément à la Gazette des beaux-arts 17 février1894.
(3)Roger Marx, Maîtres d'hier et d'aujourd'hui. 1914
(4) Jean-Claude Daufresne, Louvre & Tuileries: architectures de papier.
(5)G. Lenotre, Les Tuileries. Fastes et maléfices d’un palais disparu, 1933.
(6)Paul Ginisty, Paris intime en révolution, 1871. 1904
(7) Abbé Denys, curé de Saint-Éloi, Le Palais des Tuileries en 1848, 1869.
(2) La Chronique des arts et de la curiosité : supplément à la Gazette des beaux-arts 17 février1894.
(3)Roger Marx, Maîtres d'hier et d'aujourd'hui. 1914
(4) Jean-Claude Daufresne, Louvre & Tuileries: architectures de papier.
(5)G. Lenotre, Les Tuileries. Fastes et maléfices d’un palais disparu, 1933.
(6)Paul Ginisty, Paris intime en révolution, 1871. 1904
(7) Abbé Denys, curé de Saint-Éloi, Le Palais des Tuileries en 1848, 1869.
L'AQUARELLE QUI A PERMIS
D’ÉCRIRE CETTE LORGNETTE est en vente à la librairie.
Hector
Horeau
Les Tuileries côté jardin
Les Tuileries côté jardin
Aquarelle
originale datée de 1833 et signée en bas à gauche.
43 x32 cm. Encadrée 63x50 cm.
43 x32 cm. Encadrée 63x50 cm.
Vue
d’architecture habitée de badauds, soldats et de silhouettes au balcon des
Tuileries.